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"... Nous
n'essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre, de cette
bouche en fer à cheval, de ce petit œil gauche obstrué d'un sourcil roux en
broussailles tandis que l’œil droit disparaissait entièrement sous une énorme
verrue, de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme les créneaux d'une
forteresse, de cette lèvre calleuse sur laquelle une de ces dents empiétait
comme la défense d'un éléphant, de ce menton fourchu, et surtout de la
physionomie répandue sur tout cela, de ce mélange de malice, d'étonnement et de
tristesse. Qu'on rêve, si l'on peut, cet ensemble..." |
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L'acclamation fut unanime. On se précipita vers la chapelle. On en fit
sortir en triomphe le bienheureux pape des fous. Mais c'est alors que la
surprise et l'admiration furent à leur comble. La grimace était son
visage. Ou plutôt toute sa personne était une grimace. Une grosse tête
hérissée de cheveux roux ; entre les deux épaules une bosse énorme dont le contrecoup
se faisait sentir par devant ; un système de cuisses et de jambes si
étrangement fourvoyées qu'elles ne pouvaient se toucher que par les genoux, et,
vues de face, ressemblaient à deux croissants de faucilles qui se rejoignent
par la poignée ; de larges pieds, des mains monstrueuses ; et, avec toute cette
difformité, je ne sais quelle allure redoutable de vigueur, d'agilité et de
courage ; étrange exception à la règle éternelle qui veut que la force, comme
la beauté, résulte de l'harmonie..."
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Tel était le pape que les fous venaient de se donner.
On eût dit un géant brisé et mal ressoudé. "
Victor Hugo, Notre
Dame de Paris, 1831
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